Le mal être des medias haïtiens face à l’épidémie du cholera
Microphone and mixer at the radio station studio broadcasting news

Le mal être des medias haïtiens face à l’épidémie du cholera

En Haïti, les stations de radio et les chaines de télévision poussent comme des champignons. En 2022, près de 700 stations de radios, et environ 150 chaînes de télévision ont été répertoriées à travers le pays.
Si les medias progressent en termes de quantité en Haïti, rien ne garantit la qualité de leurs programmations. En panne de diversification, les medias haïtiens s’adonnent plutôt à des informations sur la politique et le sport de manière très superficielle.

Ce manque de diversité dans la programmation et le manque de personnels qualifiés au sein de ces medias, constituent aussi un frein pour l’accès à l’information, selon une enquête conduite par l’organisation Panos Caraïbe pour le compte de l’ONG Internews, dans le cadre de son programme d’évaluation de l’écosystème de l’information en Haïti.

Cette enquête menée entre octobre et novembre 2022, en pleine résurgence du choléra en Haïti, révèle que les medias haïtiens n’ont pas consacré assez d’espaces pour informer les citoyens sur l’épidémie, en dépit du danger qu’elle représente pour la société.

« Dans les émissions de radio, ceux qui informent ne sont pas vraiment qualifiés pour le faire. Parfois, les informations ne sont pas diffusées convenablement et la population n’arrive pas vraiment à les assimiler. » «… parfois les personnes qui diffusent les informations ne sont pas qualifiées. Elles ne font aucune recherche.

Ce ne sont pas des professionnels de la radio ; ils se contentent de faire un buzz avec des informations. », Se sont plaint des citoyens avançant qu’ «…il y a beaucoup de personnes qui se tiennent derrière un micro, devant une caméra et qui diffusent des choses qui ne respectent pas toujours les principes de la communication … certaine fois, l’information est manipulée soit pour agrandir la visibilité d’une chaîne ou d’une personnalité ».

A cote du problème du buzz tant recherché par certaines personnes qui parlent à la radio, la question de la langue de diffusion est aussi un élément qui entrave l’accessibilité à l’information dans certains medias: « Les informations se diffusent mal. Parfois dans une communauté où les gens parlent le créole, une personne peut décider d’informer en français. Une langue qui n’est pas la langue maternelle des gens.»

Parfois, la façon d’informer des stations de radio ou télévision ne tient pas compte du besoin de certaines personnes, comme les sourds-muets qui ont besoins de la langue des signes pour comprendre.
Outre ces problèmes internes qui freinent l’accessibilité à l’information pour certaines couches de la société, les medias font bien souvent face à un obstacle externe liés aux sources officielles « qui ne sont pas toujours disponibles à tous les journalistes, mais uniquement à certains privilégiés ».

Ce clientélisme des intervenants publics gêne aussi l’accès à l’information pour un certain nombre de médias, ont découvert les enquêteurs, soulignant qu’il « n’existe pas de cadre légal pouvant décourager ces pratiques qui demeurent pourtant un défi majeur pour les médias dans leur quête d’amélioration du flux d’information vers les groupes les plus vulnérables ».

Cumulés, ces manquements renforcent le phénomène de la désinformation et la désinformation qui font rage dans la société en temps de crise, selon les enquêteurs qui proposent « la formation des journalistes, afin qu’ils puissent éviter de pratiquer ces bavures qui vont à contre-courant de la déontologie du journaliste. »

Samuel Celiné