Manque de confiance : Cette maladie qui ronge le MSPP

Manque de confiance : Cette maladie qui ronge le MSPP

Le Ministère de la Sante publique peine à convaincre les citoyens ni sur l’existence du COVID-19 ni sur la résurgence du choléra dans le pays.

Depuis la résurgence de l’épidémie du choléra en octobre 2022, le Ministère de la sante publique et de la Population n’a cessé de communiquer des chiffres sur l’évolution de la maladie dans le pays.
Sur le site du ministère, la dernière publication à propos de l’évolution de l’épidémie remonte au 18 avril 2023, lorsque le ministère a fait état de 2671 cas confirmés sur 39 282 cas suspects.

A date, les autorités qui mentionnent que 34 935 personnes ont été hospitalisées pour cause du choléra, ont aussi noté 448 décès en milieu institutionnel contre 222 cas de décès communautaires.

Pour cette même période, le MSPP indique avoir recensé un total de 230224 cas suspects de COVID-19 dans le pays.
Parmi ces personnes suspectées d’avoir été infectées 34 226 ont été testées positifs au coronavirus. 33 283 cas ont été guéris contre 860 décès, selon les chiffres du Ministère de la Sante publique et de la Population.

Le MSPP qui dit avoir trouvé 5 nouveau cas de coronavirus dans le pays, confirme que pour cette période, le pays compte pas moins de 183 cas actifs.
Pour mater ces deux fléaux, le ministère a initié, à partir de décembre 2022, des campagnes de vaccination à la fois contre le choléra et le coronavirus.

Pourtant, au niveau de la société, les citoyens ont de plus en plus du mal à accepter ces chiffres communiqués par les plus hautes autorités du pays.
Selon une enquête menée entre octobre a novembre 2022 par les organisations PANOS Caraibe et Policité sur l’écosystème de l’information en Haïti, « le niveau de confiance entre les gouvernants et les gouvernés en Haïti n’a jamais été aussi bas depuis ces dix dernières années ». Pour cause, les enquêteurs indexent le manque de services publics et l’état des institutions ont miné la confiance des habitants.

Ainsi, lors de cette étude qui a touché les départements de l’Ouest, du Nord, du Sud et des Nippes, « 21,6 % des personnes interrogées pensent que le MSPP a déclaré la résurgence du choléra en Haïti afin de détourner l’attention de la population des vrais problèmes auxquels fait face le pays et 17 % des personnes interrogées pensent que le choléra est de la politique utilisée pour détourner l’attention de la population », dans un contexte marqué par des mouvements de protestation dans le pays, comme celui déclenché contre l’augmentation du prix de l’essence à la pompe en novembre 2022.

Pour 19.9% des personnes interrogées dans le cadre de cette enquête, « la résurgence du choléra est un complot ourdi par l’Organisation des Nations Unies (ONU) de concert avec le gouvernement haïtien afin de contenir des mouvements de foule qui pourraient émerger spontanément à travers le pays ».

La corruption généralisée qui sévit au plus haut sommet de l’État en Haïti est aussi mise en exergue par certains Haïtiens pour exprimer leur manque de confiance dans les annonces faites par les autorités en place. Ainsi, « 17,5 % des personnes interrogées sont assez sceptiques et pensent que le choléra n’existe pas en réalité. Les supposés cas de choléra seraient, dans leur esprit, une machination du MSPP afin d’obtenir de l’argent de la communauté internationale. Aussi, 20,5 % des répondants pensent qu’aucun cas de choléra n’a été repéré en Haïti », révèle l’enquête de Panos Caraïbe qui a bénéficié du soutien d’Internews.

Perdant presque totalement toute confiance dans les autorités, certains haïtiens se sont résolus a tout miser sur le mystique pour expliquer les symptômes du choléra qui frappe leurs proches. Selon l’enquête, « 63,7 % des répondants pensent que certains cas ressemblent au choléra mais seraient en réalité le produit d’attaques mystiques présentant des symptômes similaires au choléra ».

18,1 % des personnes interrogées pensent que la résurgence des cas de choléra est une farce destinée à légitimer la présence future d’une force militaire étrangère dans le pays, vue sa coïncidence avec la demande du Premier ministre Ariel Henry appelant au déploiement d’une force internationale dans le pays.

Samuel Celiné