Radiographie du Consensus National pour une Transition Inclusive d’Ariel Henry

Radiographie du Consensus National pour une Transition Inclusive d’Ariel Henry

Une première rencontre avec des acteurs de la société civile, une deuxième avec les acteurs politiques et une troisième avec des organisations du secteur privé des affaires, c’était salle comble pendant toute la journée du mercredi 21 décembre 2022, à l’hôtel Caribe.
Radiographie du Consensus National pour une Transition Inclusive d’Ariel Henry

Ici, responsables de partis politiques, anciens parlementaires, anciens ministres, membres du secteur privé des affaires, responsables d’organisations de la société civile, jeunes politiciens pleins de fourgue ou anciens ayant raté le train, ont tous défilé, non-seulement pour écouter les harangues de Charles Tardieu, membre de l’équipe indépendante de facilitation qui a initie les démarches, mais surtout le Premier ministre Ariel Henry qui a dû reprendre, à trois reprises, le même discours présentant le Consensus National Pour une Transition Inclusive et des Elections Transparentes comme l’ultime alternative pour sortir le pays du gouffre.

Points forts du Consensus

Dans ce document, il est prévu la mise en place d’un Haut Conseil de la Transition (HCT) et d’un Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG).
Le Haut Conseil de la Transition, selon le document, est constitué d’une personnalité du secteur économique, d’une personnalité du secteur social et d’une personnalité du secteur politique.

Selon l’entente trouvée entre ces différents secteurs bien avant la présentation du document à la presse, le pasteur Calixte Fleuridor de la Fédération Protestante d’Haïti, la professeure Myrlande Hyppolite Manigat et l’entrepreneur Laurent Saint-Cyr ont été choisis, respectivement comme représentants de la société civile, de la classe politique et du secteur privé des affaires.

Le Haut Conseil de la Transition a pour mission de contribuer à la définition de l’orientation stratégique des pouvoirs publics.

Quant à l’Organe de Contrôle des Actions Gouvernementales (OCAG), constitues de 21 personnalités provenant d’organisations politiques, professionnelles et communautaires des 10 départements du pays et de la diaspora, il aura pour mission de s’assurer du respect des règles de bonne gestion et de transparence dans la gouvernance publique.

Des promesses de reforme

Une fois ces deux instances mises en place, le gouvernement, de concert avec le HCT aura pour tâche de nommer les juges de la Cour de Cassation après certification du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ).
Tout comme Jovenel Moise, Ariel Henry entend bien « réviser » la Constitution du pays.

Ainsi, dans le Consensus National pour une Transition Inclusive et Transparente, il est prévu de mettre sur pied un comité d’experts constitutionnels qui se chargera de travailler sur les changements à opérer au sein de la loi-mère du pays, notamment sur les questions liées à « la durée et l’harmonisation des mandats, l’équilibre des pouvoirs, l’autorité et le moment d’octroi de la décharge administrative, la définition des rôles au niveau des collectivités territoriales, les conditions d’intégration et de participation des Haïtiens vivants à l’étranger à la vie politique du pays et le processus d’amendement périodique de la Constitution ».

Suite à ce processus qui ne dépassera pas 6 mois, le projet de Constitution sera soumis à un referendum, selon le document.
Le pouvoir d’Ariel Henry projette aussi de mettre sur pied « un processus formel de dialogue politique inclusif et participatif » qui impliquera des acteurs politiques, économiques et sociaux et des représentants des 10 départements géographiques du pays. Il s’étalera sur toute la durée de la transition, selon le document qui prévoit une passation de pouvoir entre la transition et de nouveaux élus, le 7 février 2024.

Un Conseil Electoral Provisoire sera aussi constitué de 9 membres dont, 3 femmes qui seront choisis par le HCT sur une pré-liste qui lui sera soumise par le gouvernement. Ce CEP aura pour mission principale d’organiser le referendum constitutionnel et des élections générales dans le pays.
Les signataires du document se mettent aussi d’accord sur la nécessité d’opérer des réformes institutionnelles et économiques en Haïti.

Ainsi, en accord avec le HCT, le gouvernement tachera de moderniser les capacités de perception de l’Etat, combattre la contrebande et le trafic des armes, opérer des réformes fiscales, augmenter les recettes publiques, garantir l’efficacité de la politique monétaire, renforcer le contrôle des frontières et garantir la performance des organismes de répression du trafic de stupéfiants, de lutte contre la corruption et la lutte contre le blanchiment des avoirs.

Une condition de l’international

Selon le Premier ministre Ariel Henry, la signature de ce document prouve que les acteurs politiques, loin de la lutte fratricide des mouvements de « peyi lok », condamnant les Haïtiens à la misère, sont capables de se dépasser et d’offrir une autre alternative au pays.

Ce n’est écrit nulle part dans le document mais Ariel Henry l’a dit : la signature du Consensus aidera le gouvernement à répondre aux exigences de l’international qui a conditionné sa présence en Haïti, à travers une force d’intervention visant à mater les gangs armés, par la signature d’un accord entre les acteurs politiques et économiques qui se chamaillent jour et nuit, au nom de leurs intérêts personnels en Haïti.

Dans cette optique, outre des acteurs politiques déjà acquis à la cause d’Ariel Henry comme André Michel et Marjorie Michel du Secteur Démocratique et Populaire, le Consensus a été proposé après consultation de 168 partis politiques et 2300 organisations de la société civile, selon l’ancien ministre Jean Vilmond Hilaire, membre de l’équipe indépendante de facilitation qui a initié les démarches de ce consensus depuis juillet 2022.

Jorchemy Jean Baptiste est le coordonnateur du Mouvement National pour la Transparence « Toutouni », signataire du Consensus National au nom des Regroupement des Structures Politiques des Non-alignées. Il souligne que le dialogue est une porte permettant aux acteurs économiques et sociaux du pays, de s’entendre sur l’avenir d’Haïti et de mettre, du coup, un terme aux tumultes qui ont saccagé Haïti pendant ces dernières années.

Jorchemy Jean Baptiste confie avoir signé cet accord, dans le but de permettre la mise en place du HCT devant accompagner le Premier ministre, valider politiquement un accompagnement international pour résoudre définitivement le problème de l’insécurité dans le pays afin de parvenir à des élections pour renouveler le personnel politique du pays.

Selon Jorchemy Jean Baptiste, il n’est pas question de parler d’un accord visant à renforcer Ariel Henry mais d’un accord pour sortir le pays du marasme puisque « personne ne peut diriger le pays aujourd’hui sans un accord politique ».

Samuel Celiné