Augmentation des prix du carburant en Haïti: le gouvernement entre l’enclume et le marteau

Augmentation des prix du carburant en Haïti: le gouvernement entre l’enclume et le marteau

Des petites raretés à répétion poussant les citoyens à s’approvisionner sur le marché noir à des prix allant jusqu’à 3 fois le prix fixé et le peuple comprend vite que le pouvoir chérit l’idée de reviser à la hausse les prix du carburant.

Cette stratégie a déjà maché en décembre 2021 pour le pouvoir d’Ariel Henry parvenant à faire passer la gazoline de 202 à 250 gourdes, le diesel de 169 à 353 gourdes , et le kérozène de 163 à 352 gourdes.

Cependant, aujourd’hui la stratégie de la rareté butte  sur un principe de taille: Le chat échaudé, craint l’eau froide.

Devant, l’éventualité d’une émeute dans le pays, en cas d’augmentation des prix à la pompe, le pouvoir d’Ariel Henry tente de ménager la chèvre et le chou entre la nécessité d’un ajustement et la peur de mettre le feu au poudre dans un pays où l’inflation atteint déjà la barre de 36% en 3 ans, selon les données de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique.

Éviter à tout prix

Le 11 mars dernier, sur les ondes de la Radio RFM, le ministre du commerce et de l’industrie Ricardin Saint-Jean, s’est battu comme un diable dans un bénitier pour convaincre les citoyens qu’ “ il n’y a pas de rareté de carburant sur le marché”. Ce,  malgré le fait que la réalité crève les yeux avec les longues files d’attente constatées dans les rares stations de services qui fonctionnent encore.

Selon le ministre, l’absence de carburant dans les pompes est le reflet directe de la guerre en Ukraine. Cette situation globale empêche au pays de s’approvisionner à temps, conclut Ricardin Saint-Jean.

Dans le pétrin, le Secteur Démocratique et Populaire, grand allié du pouvoir, rencontre la presse, le jeudi 21 avril 2021 et met le gouvernement en garde contre toute idée de revoir à la hausse le prix du carburant.

Un exercice de communication pour la gallerie puisque le SDP fait partie du gouvernement à travers l’ancien sénateur Ricard Pierre, aujourd’hui ministre de la planification et de la coopération externe.

Au mois de décembre 2021, lors du premier round d’augmentation des prix, ce ministre du SDP avait justifié le “ bien fondé” de cette décision par la nécessité pour le gouvernement de trouver assez de revenus pour compenser le manque à gagner dû à l’insécurité.

Le grand “fair-play

Aujourd’hui, l’État subventionne très fortement les prix des produits pétroliers en Haïti, selon le ministre de l’économie et des finances, Michel Patrick Boisvert. En conférence de presse le mercredi 27 avril, le ministre dévoile qu’entre la dernier ajustement du mois de décembre à avril 2022, les prix des produits pétroliers, ont plus que doublé sur le marché international.

Poussant ainsi le gouvernement à continuer à subventionner le carburant.

Malgré ce fait, selon le ministre, le gouvernement n’entend pas ajuster les prix à la pompe aujourd’hui.

Dans un communiqué en dâte du jeùdi 28 avril 2022, l’Association des Professionnels du Pétrole qui regroupe les 5 compagnies pétrolières du pays, dévoile qu’entre le mois de décembre et le mois d’avril 2022 le coût d’importation du pétrole vers Haïti, à augmenter de 70%.

Par exmple, au 31 mars 2022, le coût d’importation de la gazoline vers Haïti, était de 368 gourdes par gallon.

Selon le communiqué de presse de l’ APPE, la seule façon de résoudre le problème de pénuerie du carburant sur le marché, est que l’État haitien paye à temps le montant des subventions aux compagnies pétrolières et que les banques haïtiennes aient assez de dollars pour permettre aux compagnies d’acheter le pétrole sur le marché international.

Pourtant, au lieu de mobiliser les ressources disponibles pour finir avec les pénuries du carburant, le gouvernement fait la promotion d’un programme d’assistance sociale en faveur des plus pauvres.

Lors de la conference de presse du mercredi 27 avril, le grand argentier de la République, Michel Patrick Boisvert, souligne que le gouvernement dispose de 3 milliards de gourdes pour soutenir les plus pauvres à travers des programmes sociaux du genre “ Ti manman cheri” .

Samuel Celiné