Dans un rapport publié le mardi 10 mai 2022, le Réseau National de Défense des Droits Humains dévoile que la guerre entre les gangs 400 mawozo et chen mechan a déjà fait 148 morts dans la plaine du cul-de-sac, pour la période allant du 24 avril au 6 mai 2022.
Ces cas sont surtout enregistrés dans des zones comme Butte Boyer, avec au moins 48 morts, Corridor Djo et Santo 2 avec un total de 47 morts, carrefour Marasssa où l’on compte 23 morts, 15 à Cité Ti blada, 6 à Cité Doudoune et 2 à Lillavois.
À coté de ces pertes en vie humaine, le RNDDH note aussi, l’incendie de 81 maisons et de 57 véhicules dans les zones de combat.
Toutes les victimes ne sont pas l’oeuvre des envahisseurs du gang 400 mawozo, rappelle le RNDDH.
Chen mechan aussi, en pleine guerre, le 5 mai 2022, dans la zone de Marécage, a abattu 7 de ses soldats qui se plaignaient des traumatismes de la guerre.
Ces hommes, n’ont pas hésité non plus à assassiner des citoyens dans les zones reprises sous prétexte qu’ils ont collaboré avec l’envahisseur.
Pour avoir ces chiffres, l’organisation de défense des Droits humains, dit avoir rencontré des déplacés, visité les zones affectées, parlé avec les autorités judiciaires et des autorités locales des zones concernées.
Une histoire de gangs
Selon le RNDDH, la guerre entre les gangs 400 mawozo dirigé par wilson Joseph (lanmò san jou) et chen mechan ayant à sa tête Claudy Celestin, est motivée par une volonté de contrôler beaucoup plus de territoires.
Hormis Cornillon, le gang des 400 mawozo étend aujourd’hui son influence sur toutes les communes de l’arrondissement de la Croix-des-Bouquets, à savoir: Croix-des-Bouquets, Ganthier, Thomazeau et Fond-Verrete. À cela, s’ajoute une partie de la commune de Tabarre et une partie de Pétion-Ville.
Créé peu après 2010 par Germine Joly ( Yonyon) ce gang, les 70 mawozo, au départ se spécialisait dans des braquages et des vols à main armée sur les passants avant de s’introduire dans le kidnapping.
En 2016, 2 ans après l’arrestation de Yonyon, le gang se reconstitue et devient 400 mawozo.
Quoique en prison, Yonyon, aidé par des agents de la DAP sans scrupule, parvient à diriger son gang et à commettre des exactions dans la société.
Avec l’arrivé de Wilson Joseph à la tête de ce gang, le 400 mawozo prend sa vitesse de croisière et rêve de territoires.
À Shada aussi un autre gang, chen mechan, a vu le jour presqu’au même momment que 400 mawozo. Aujourd’hui, ce gang contrôle des zones comme: Shada, carrefour Marassa, Fleuriot, Cazeau, Santo, Cesselesse, Lillavois, Lizon, Marin, Lathan, Bon repos, carrefour Saint-Marc et Route 9.
L’histoire de ce gang a commencé avec un certain Claudy Celestin qui se faisait aussi appeler steevenson Pierre. Cet homme s’est fait connaitre comme un bandit de grand chemin qui braquait citoyens et entreprises de la zone de Shada au cours de l’année 2015.
Fatiguée, la population a dénoncé Claudy Celestin, chen mechan et il est arrêté en 2016.
Non loin de la zone où chen mecan faisait la loi, à Butte Boyer, Chariot Casimir, allias Bakker scandal, un argent de l’USP affecté à la sécurité du président Michel Martelly, est au contôle d’un gang qui extorquait les membres de la population et réalise des kidnappings dans la société.
En 2017, Claudy Celestin retrouve sa liberté, reprend le contrôle de son gang: chen mechan et s’intronise en protecteur des citoyens de la zone de Shada.
Sa bande rackette citoyens et entreprises mais, on la laisse-faire sous prétexte que le gang ne les attaque pas directement.
En 2020, des bandits et certains habitants de Butte Boyer, attirés par la stratégie de chen mechan, invitent ce chef de gang à traquer celui de Butte Boyer, devenu insupportable.
En août 2020, Chariot Casimir, le chef du gang de Butte Boyer est arrêté. Profitant de l’absence du chef, chen mechan envahit la zone, chasse les derniers resistants qui rejoignent du coup le 400 mawoza avec espoir de trouver du renfort et de revenir un jour.
C’est ainsi que Butte Boyer devient un territoire convoité par 2 gangs.
La PNH et ses insolites
Grand paradoxe, c’est la mort d’un policier dont le nom n’est pas révélé dans le rapport qui est la cause occasionnelle déclenchement des hostilités.
Le vendredi 22 avril, un policier circulant à moto tente de passer par carrefour Shada lorqu’il est intercepté par la base de chen mechan qui l’accuse d’être un informateur du gang 400 mawozo.
Sur place, il est jugé coupable et a été froidement abattu.
Au lieu d’une réaction de la PNH qui vient de perdre l’un de ses membres sous les griffes d’un gang, c’est le gang 400 mawozo qui s’offusque.
Apres des tirs à l’armes lourdes dans la journée du samedi 23 avril, les hommes du 400 mawozo parviennent à envahir les zones contrôlées jusque-là par chen mechan, semant la terreur au milieu d’une population qu’ils tuent, violent, volent et décapitalisent en brûlant maisons et voitures.
Si, pour avoir été de mèche avec les gangs, un policier est à la base du conflit, d’autres agents de la PNH se seraient aussi associés aux gangs dans l’effort de résoudre le problème.
Le RNDDH mentionne que des véhicules blindés de la PNH affectés à l’Unité départementale de Maintien d’Ordre (UDMO), se sont rendus sur les lieux de l’attaque le jour même.
Cependant, au lieu d’une tentative visant à prendre le contrôle de la situation, ces véhicules transportaient des membres de la coallition de gangs G9 an fanmi et alliés qui rejoignaient le front pour combattre à coté des hommes de chen mechan.
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