Jamaïque: Une première journée sur la corde raide

Jamaïque: Une première journée sur la corde raide

« Nous ne sommes pas venus ici pour recevoir le dictat de quiconque. Nous ne sommes pas venus ici pour négocier un nouvel accord en plus » a lâché le Premier ministre Ariel Henry, dans son discours à l’ouverture des pourparlers entre les acteurs de la politique haïtienne, le dimanche 11 juin 2023, à la Jamaïque.

Selon Ariel Henry, Haïti compte aujourd’hui deux principaux groupes d’acteurs qui tirent les ficelles : Ceux qui voulaient accéder au pouvoir sans passer par des élections et qui ont même « coopté un président de la République et un Premier ministre » et son camp qui ne jure que par le rétablissement d’un climat propice à l’organisation des élections.

Ce discours d’Ariel Henry n’a pas plu à tous les acteurs présents.
Les représentants de Montana très touchés par le discours du chef du gouvernement, brandissent la nécessité qu’il y ait aujourd’hui une transition de rupture dans le pays.

Pour eux, Ariel Henry a piteusement échoué dans la gouvernance du pays.

Comme eux, l’ancien Premier ministre Claude Joseph du parti Engagés pour le Développement, n’a pas tari de critiques envers le gouvernement d’Ariel Henry.
Celui qui a assisté au pourrissement de la situation sécuritaire du pays, notamment à Martissant, au côté de Jovenel Moïse, a trouvé assez de ressources pour critiquer Ariel Henry qui, selon lui, a échoué après 2 ans à codiriger le pays avec des gangs armés.

« Cette période de gouvernance intérimaire qui a débuté dans les jours qui ont suivi l’assassinat crapuleux, le 7 juillet 2021 du Président Jovenel Moïse, constitue en réalité deux ans de recul pour la nation haïtienne, deux ans d’aggravation de cette crise multiforme que traverse notre pays, du point de vue politique, sécuritaire et économique », a lancé Claude Joseph.

Ces genres de discours ne plaisent pas au Premier ministre Ariel Henry qui, selon des participants comme Emmanuel Ménard, avait quitté la rencontre peu après son discours et sans avoir écouté les autres acteurs.

Dans cette ambiance marquée par l’intransigeance des uns et des autres, certains acteurs se distinguent en appelant les protagonistes à la flexibilité.

C’est le cas du Mouvement National de la Transparans « Toutouni » qui se trouve au sein du regroupement des structures politiques Non-alignées. ce mouvement rappelle que le focus doit être mis aujourd’hui sur la sécurité, les reformes économiques, la Constitution et les élections.

Ce groupe qui a signé l’accord de décembre 2022, appelle à une négociation politique entre les acteurs.

Selon le protocole établi par les responsables de la CARICOM, la première journée des discutions, devaient permettre aux acteurs haïtiens de communiquer leurs compréhensions respectives de la crise.

Samuel Celiné