Ariel Henry: La douteuse audition d’un « témoin »

Ariel Henry: La douteuse audition d’un « témoin »

La décision du Conseil des ministres, par ordonnance spéciale, d’autoriser le Premier ministre Ariel Henry et d’autres membres du gouvernement à être auditionnés dans le cadre de l’instruction en cours sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, suscite des réactions mitigées s’agissant des conditions suivant lesquelles l’audition du chef de l’exécutif par le juge d’instruction Walter Wesser Voltaire s’est déroulée à la résidence officielle du Premier ministre.

Si pour le pouvoir, l’audition d’Ariel Henry par le juge d’instruction Walter W. Voltaire, accompagné de son greffier est une « preuve que, dans notre pays, personne n’est au-dessus de la loi et qu’il est de notre devoir à tous de faire ce qui est en notre pouvoir pour que justice soit rendue au Président Moïse, à sa famille et à la nation tout entière », pour des proches de l’ancien président Jovenel Moise, l’audition a plutôt l’audition a plutôt l’allure d’une mascarade.

C’est le cas de Reynald Lubérice. Cet ancien conseillé du défunt président estime que le juge n’aurait pas dû se déplacer arguant qu’il y va de l’intégrité de l’instruction.

« À travers sa décision de se rendre à la résidence officielle du Premier ministre Ariel Henry afin de l’auditionner, le juge Walter Wesser Voltaire se démet automatiquement du dossier de l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moise », soutient Renald Lubérice.

De l’avis de l’ancien secrétaire général du conseil des ministres, cette décision donne raison à l’ancienne première dame Martine Moise qui a déclaré qu’elle ne se présenterait pas par devant le juge Walter Wesser Voltaire pour suspicion légitime et lui a demandé de se déporter de l’affaire.

Plutôt radical, Luberice a donc invité les autorités judiciaires à prendre des mesures pour nommer un autre juge pour enquêter sur l’affaire.

Les doutes de Reynald Luberice ne sont pas l’apanage des anciens collaborateurs de Jovenel Moise. Le Directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Esperance qualifie de honte la décision du juge instructeur Walter Wesser Voltaire d’aller auditionner le Premier ministre Ariel Henry en sa résidence officielle, à Musseau.

Selon Pierre Espérance, cette décision met pratiquement un terme à l’instruction du dossier.

De son coté, Antonal Mortimé du Collectif Défenseurs Plus, rappelle le principe que l’instruction est là où se trouvent l’instructeur et son personnel.
Ainsi, contrairement à ceux qui pensent que l’audition du premier ministre Ariel Henry est une mascarade judiciaire, le Co-directeur du Collectif Défenseurs Plus estime qu’il s’agit d’une étape importante dans l’avancement de l’enquête sur l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moise.
S’agissant de la décision du juge Walter Wesser Voltaire de se rendre à la résidence officielle du premier ministre afin de l’auditionner, Antonal Mortimé a laissé entendre qu’il s’agit d’une démarche correcte et légale. Il a tenu à souligner qu’au regard de la législation haïtienne « un tribunal peut déménager dès que le juge en décide ».

Cependant, il admet que cette décision peut avoir des conséquences politiques sur la neutralité du juge, souvent perçu comme un pion du pouvoir d’Ariel Henry.

Samuel Celiné