« Protéger et servir », c’est la devise de la police nationale d’Haïti.
Dans sa charte fondamentale, il lui est assigné l’impérieuse nécessité de combattre l’insécurité sous toutes ses formes sur le territoire national, étant donné qu’elle est la seule force armée sur le terrain à coté d’un embryon de l’armée d’Haïti qu’on tente de reconstituer.
Fort souvent, la PNH peine à répondre convenablement à sa mission, lorsqu’elle est appelée à intervenir en matière de lutte contre l’insécurité et le grand banditisme qui sévissent dans le pays.
Un ensemble d’événements malheureux ayant marqué l’histoire du pays sur le plan sécuritaire, au cours des vingt dernières années, peuvent étayer cette thèse:
Au beau milieu de l’année de 2004, Haïti faisait face à une flambée de violence, de crimes de toutes sortes, occasionnés particulièrement par des attaques en série contre des commissariats dans les villes de province, par le groupe armé dirigé par Guy Philippe à l’époque.
Ces hommes appelés à tort ou à raison insurgés, par leurs actions, prétextaient combattre les velléités dictatoriales du président de l’époque, Jean Bertrand Aristide.
Certains pourraient attribuer les actions de ces derniers à une lutte politique, mais il n’en demeure pas moins que les policiers qui étaient cantonnés dans les commissariats et les sous-commissariats du pays, n’avaient opposé aucune résistance aux attaques des soi-disant rebelles.
Au contraire, la plupart d’entre eux ont abandonné les commissariats à la simple rumeur d’un éventuel assaut des rebelles.
Fait étonnant : dans leur fuite, les policiers laissaient armes et munitions qui étaient à leur disposition au profit des ennemis.
Avec de telles lâchetés, les hommes de Guy Philippe ont eu gain de cause et Jean Bertrand Aristide a dû partir.
Après l’exil de Jean Bertrand Artistide, il a fallu l’avènement de la mission des Nations unis pour la stabilisation d’Haïti pour qu’ une lueur d’espoir de sécurité pointe à l’horizon.
Nonobstant, certains cas isolés rapportés par la presse en 2006 sous la présidence de Réné Preval, le pays était stable sur le plan sécuritaire et la population pouvait jusque-là vaquer sans crainte à ses activités coutumières.
Ce répit dont bénéficiait également l’administration de Michel Martelly allait s’effriter au cours de la deuxième année de gouvernance de l’ancien président Jovenel Moïse, qui faisait face à de grands mouvements de protestation, pour enfin s’évaporer pendant les événements de pays «Lock».
L’insécurité et le grand banditisme ont atteints en ce moment leur paroxisme donnant lieu à une multiplication des zones de non droits dont martissant, Grand Ravine, Ti Bois, Delmas 6 , Croix-des- bouquets, Lassaline entre autres, dirigés par des puissants chef de gangs.
La première grande réaction de la PNH face à la montée en puissance des gangs armés, fut l’opération du 12 mars 2021 au Village de Dieu. L’objectif principal était de déloger les gangs et faciliter la reprise de la circulation dans la zone.
Ainsi, des policiers faisant partie des unités d’élite de l’institution policière dont la Swatt Team, L’UDMO, La BOID , avaient été mobilisés dans le cadre de cette opération.
Fiasco. Des cas de trahison au niveau du commandement et de la base de la PNH ont conduit les policiers engagés sur le terrain à la boucherie. Pour célébrer leur victoire, les bandits, en confiance n’ont pas hésité à exposer les corps des policiers tués lors de cette attaque, comme s’ils voulaient faire peur à la PNH mais aussi à la société qui ne comptait que sur la police pour venir à bout de l’insécurité.
Pour une nouvelle fois, le manque de capacités décisionnelles et opérationnelles de la police Nationale a été mise à nu.
Aucune opération policière n’est depuis menée ni pour récupérer les cadavres des policiers tombés sur le champ de bataille et encore moins pour déloger les bandits qui font la pluie et le beau temps dans la zone, paralysant la circulation au niveau du grand sud du pays comptant pas moins de 5 départements.
L’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse, censé être la personnalité la plus protégée de la république, le 7 juillet 2021 dans sa résidence privée n’a fait que renforcer cette perception.
Qui pis est: les policiers qui sécurisent la résidence privée du président de la république n’avaient fait aucune réaction face aux assassins du président.
Ces derniers qui n’étaient pas plus qu’une vingtaine ont eu l’aisance de désarmer les policiers, les ligoter puis emportés des armes qui étaient à leur disposition.
Ces grands échecs qui jalonnent la courte histoire de la PNH, amènent à questionner la formation des policiers haïtiens qui selon des experts en sécurité ne répond pas à l’exigence du terrain.
Certains pensent que la durée de la formation des policiers ainsi que la qualité et leur état psychologique pourraient être à la base de l’incapacité de l’institution policière à répondre à sa mission dans la société.
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